LE BESTIARE DU BITUME
Au hasard de mes pas, lors du kilomètre autorisé pendant une heure, lors du confinement en 2020 sans doute regardais-je par terre, quand un animal m’est apparu puis un autre,
descendus des fleurs arrosées sur un balcon, créés par des déjections canines, des motifs dessinés par la pluie, des taches d’huile, des froissements de bitume.
Ainsi ensuite, avec application, j’ai voulu découvrir ce qui était sous nos pieds, visible et caché à la fois. Un jeu a commencé : partir à la découverte de ce qui nous entoure et que nous ne voyons pas. La découverte aussi de ce qui me touche et m’émeut dans le quotidien, le banal. Des sujets non-reconnus ou dénigrés, mais vus et ensuite photographiés.
Chat, chien, éléphant, caniche, girafe, chameau, pingouin… tous ces animaux m’accompagnaient dans ma déambulation solitaire. Ils surgissaient, sans doute heureux
d’exister par mon regard.
Et moi, je n’étais plus seule dans ma marche le long des rues souvent désertes.
Un Bestiaire du bitume s’offrait à mon regard.